Amandine née à 27SA + 2, témoignage de sa maman Aurélie
Amandine est née le 3 mars 2014. Elle était attendue le 31 mai. Suite à une pré-éclampsie doublée d’une complication, il a fallu la faire naître en urgence à 27 semaines et 2 jours.
Elle pesait tout juste 735 grammes, une jolie petite Plume. Son arrivée prématurée, elle n’en a pas décidé. Sa venue au monde lui a été imposée pour me sauver. Quelle culpabilité pour moi de n’avoir pu porter ma fille jusqu’à son terme, quelle culpabilité également de savoir qu’à présent elle devra se battre seule pour rester avec nous. Avec sa naissance, c’est un monde parallèle que nous avons découvert, un environnement ultra-médicalisé et protocolé, bien loin de l’image que chaque parent peut se faire d’une naissance ordinaire. Notre rencontre a été furtive, dans un couloir : elle montait dans sa couveuse aux soins intensifs de néonatologie et moi j’allais en salle de réveil après ma césarienne.
Mon état n’étant pas encore stabilisé, il aura fallu patienter jusqu’au soir ou peut-être même jusqu’au lendemain pour pouvoir retourner auprès d’elle.
La voir a été un instant magique. Mais il ne nous était pas permis de la prendre contre nous, tout juste de poser notre main sur son dos. Même les caresses n’étaient pas conseillées durant les premiers jours tant sa peau était fine et la stimulation agressive.
Après 6 jours interminables il nous a été permis de faire un « kangourou ». Mon mari m’a laissé le privilège de ce premier contact qu’on m’avait volé à la naissance en raison de l’urgence de la situation. Les infirmières m’ont installée sur un fauteuil, ont pris un soin particulier à préparer l’ensemble des câbles et capteurs pour garder sous étroite surveillance les constantes d’Amandine, puis l’ont sortie de sa couveuse et l’ont déposée sur ma poitrine. Elle a été recouverte par plusieurs couvertures épaisses pour maintenir sa température corporelle. J’avais tellement peur de ne pas la sentir, elle était si petite. Mais l’amour ne se mesure heureusement pas en kilos. Un moment inoubliable.
Au fil des semaines, à mesure qu’elle grandissait et se stabilisait, nous avons pu la prendre contre nous de manière plus fréquente puis quotidienne, à chaque fois pendant plusieurs heures. Elle semblait apaisée et calme contre notre peau. Le bénéfice de ce contact était attesté par l’amélioration de ses constantes (quand on fréquente la néonatologie à raison de 18h par jour pendant des semaines, qu’on le veuille ou non, on devient expert malgré nous de tous ces aspects médicaux) et de sa digestion.
En plus des angoisses que nous avions concernant sa santé, il a fallu accepter de devenir parents d’une manière différente de celle à laquelle on s’attendait. Quel parent imagine devoir demander l’autorisation pour toucher son enfant ? Quel parent imagine se réjouir que son enfant a pris 2 grammes depuis la veille et est mort de peur à l’annonce d’une perte de 8 grammes ? Dans notre parcours au CHUV, nous avons tous les trois eu la chance de côtoyer une équipe formidable. Au-delà des compétences professionnelles de tout le personnel, nous avons rencontré des personnes douces et à l’écoute de ses besoins à elle et des nôtres également. Chaque intervenant faisait son possible pour nous donner notre rôle de parents et favoriser la création d’un lien avec notre fille, malgré l’environnement particulier dans lequel nous étions. Nous pouvions participer à sa toilette et nous étions encouragés à faire des kangourous autant que possible.
Quelques semaines avant le retour à la maison d’Amandine, nous avons reçu l’information que l’association Premiers Liens venait de se créer et il nous a été suggéré de la contacter à notre retour à domicile. Isabelle et Jil, fondatrices de l’association et monitrices de portage, sont venues rapidement chez nous. Nous avons bénéficié d’un cours de portage durant lequel plusieurs moyens ont été présentés. Avoir ma fille contre moi était vital. Il n’était pas possible de rattraper le temps « perdu » mais il était nécessaire de faire le maximum pour maintenir et renforcer ce lien qui a dû se créer de manière particulière à la naissance.
Amandine a aujourd’hui 2 ans, elle se porte à merveille, une vraie boule d’énergie ! Elle s’apprête à devenir grande soeur. Je l’ai portée jusqu’à ses 18 mois. Le portage est entré dans notre quotidien dès ce premier atelier. En octobre 2015 j’ai entamé moi-même une formation de monitrice de portage afin de faire découvrir le portage physiologique, ses bienfaits et ses avantages à d’autres parents.
Hello Aurelie. Ce témoignage est tellement touchant et beau. J’étais contente de voir ta petite Amandine à graines de curieux et j’ai été ravie de faire un cours de portage avec toi et surtout d’avoir fait la connaissance d’une femme forte, chaleureuse et aussi à l’écoute que toi.
Juste un mot MERCI
on croise parfois dès gens dont on imaginerait même pas un instant, à leur sourires, la tranche de vie passée!! très joli témoignage et maintenant avec Mael en plus…. BRAVO
Très joli témoignage.